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Bosnie sous la pluie

Du 28 avril au 2 mai

Nous partons de Dubrovnik sous un temps exécrable. Il nous faut affronter la pluie et le vent violent sur la route côtière où de nombreux camions et voitures nous frôlent. Après quelques kilomètres éprouvants nous bifurquons sur une petite route, bien moins fréquentée, et à peine indiquée, qui nous mènera en Bosnie-Herzégovine.
 
Dubrovnik dans la tourmente
 
De part et d'autre de la frontière s'étend un "no man's land", chaos de pierre et forêts calcinées. Quelques panneaux indiquent que des terrains sont encore minés. Quelques maisons détruites, ça et là. Aux deux postes frontières, des douaniers, placides tamponnent nos passeports. L'ambiance est d'autant plus pesante que le ciel bas, et qu'une pluie fine ne cesse de tomber. Violent contraste avec la côte touristique croate. Petit à petit le paysage change, nous sommes désormais dans une verte campagne vallonnée. En fin d'après midi la pluie se renforce, trempés, éprouvés, nous cherchons un coin au sec pour dormir. Après avoir envisagé le porche d'un hangar rempli de machines à laver dans un hameau, nous préférons suivre les conseils du propriétaire qui nous indique un hôtel à 4km de là. Improbable grand motel luxueux, à Mosko, perdu dans la campagne bosniaque où pour un prix défiant toute concurrence (l'équivalent de 25€) nous avons une grande chambre tout confort (salon, télévision satellite, balcon) et un robuste petit déjeuner (omelette au lard ou au fromage). Séchés et reposés, nous pouvons attaquer une nouvelle journée et son lot de côtes et d'averses. Nous faisons une halte à la poste d'une petite bourgade, pour renvoyer quelques livres et alléger nos sacoches. Difficile mission car personne ne parle anglais. D'ailleurs depuis que nous sommes arrivés nous avons aussi du mal à déchiffrer les panneaux, écrits en cyrillique. Nous enrichissons notre langage des signes. Pierre fait des mimiques très expressives (sont elles toujours bien comprises?). Nous installons notre bivouac à la faveur d'un éclaircie. Dans la précipitation  nous ne nous apercevons pas tout de suite que nous sommes tout proches d'une ligne haute tension qui grésille et nous inquiète un peu (et si elle effaçait nos cartes mémoires? et si elle ne modifiait notre comportement?)  Fourbus nous sommes cependant dans le sac de couchage à 20h30. Le lendemain la pluie martèle la tente jusqu'en fin de matinée. Déprimant. Il fait 6°C dans la tente, nous avons pris de l'altitude. Nouvelle journée. A la pluie vient se rajouter le froid et au programme un col à 1300m franchir. Nous traversons un vaste plateau recouvert de pâturages en direction de sommets enneigés. Par où la route va-t-elle passer?
 
 
C'est dommage, mais nous ne profitons pas complètement du splendide paysage de moyenne montagne qui s'offre à nous du fait des âpres conditions météorologiques. Nous traversons pourtant une très belle zone naturelle (le parc national de Sutjeska). Comme par enchantement le temps s'adoucit au moment d'installer le bivouac. Demain peut être le soleil?

Byzance a chassé Venise
Durant toute notre descente en Croatie, la belle Venise était présente. Elle nous apparaissait dans chaque ville par des détails architecturaux, par son emblème,- le lion ailé-, qui s'affichait fièrement. On sentait l'influence italienne en cuisine où risotto et pizzas tenaient le haut des menus. Quelques kilomètres dans les terres et elle a disparue. Voici qu'apparaissent des chapelles au style byzantin, que l'on ne propose plus les très italiennes gaufrettes comme en-cas dans les supérettes mais des loukoums... Ce n'est plus Venise qui nous retient, c'est maintenant Byzance qui nous attire.
 
 
Premier mai, fête du travail, enfin quelques rayons de soleil. Après un petit col pour réveiller nos mollets, nous suivons durant une grande partie de la journée le cours d'un rivière aux eaux turquoise,  joliment nommée Drina.
 
 
Sur ses berges, des familles, des amis, célèbrent joyeusement le premier mai autours d'un barbecue (ici la spécialité est le lamb on the stick, mouton à la broche à l'odeur alléchante), d'un pique nique. Certains ont mis de la musique.
 
Village de Tjendiste, et son fin minaret. Derrière les nuages il faut imaginer de beaux sommets enneigés.
 
On remarque que des minarets s'élèvent désormais dans tous les villages, des muezzins appellent régulièrement à la prière. Nous traversons une zone bosniaque (au sens ethnique, c'est-à-dire musulmane) alors que jusqu'à présent la partie du pays où nous passions était en était en majorité serbe (orthodoxe).  En Bosnie-Herzégovine cohabitent en effet bosniaques, serbes et croates comme l'illustre la petite carte ci-dessous. 
 
 

 
Nous sommes mal à l'aise lors de traversées des plus grandes villes (Foca, Gorazde). C'est éprouvant pour nous de voir que les gens vivent dans des maisons ou immeubles aux façades encore criblés d'impacts de balles, parfois en partie détruites.
Durant toute notre traversée nous les gens sont plutôt accueillants, nous saluent d'un signe de main ou d'un grand coup de klaxon, malheureusement notre méconnaissance totale de la langue nous empêche d'engager de véritables conversations.
 
Route le long d'un canyon avant Visegrad. Ponts et tunnels obscurs se succèdent.
 
 
Un monastère orthodoxe, petit havre de paix perdu dans la montagne à Dobrun près de la frontière serbe