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Challenge " Plastic tomates"

Du 12 au 14 juin,

Comme nous en avons pris l'habitude pendant notre semaine à Pastoral Vadi, nous nous levons à 5h45 pour pédaler "à la fraîche". Nous quittons Eray et Askin avec un petit pincement au cœur et le sentiment d'interrompre une relation d'amitié qui en d'autres circonstances aurait pu se développer. Malheureusement, c'est un sentiment récurent pendant le voyage.

C'est parti pour 260km en trois jours, nous devons être à Olympos dimanche pour retrouver Cyrille et Sophie. C'est pour nous un petit challenge.

Nous faisons un premier arrêt à Fethiye pour un petit déjeuner de crêpe et de jus d'orange pressées devant nous, au même endroit que la semaine précédente. Nous en profitons pour aller observer des tombes lyciennes, monuments creusés à même la falaise quatre siècles avant J-C.
 
 Tombe lycienne de Fethiye.

Nous reprenons ensuite la route jusqu'à ce que, vers 10h, la chaleur devienne intenable. Nous nous réfugions alors dans une sorte de petit "resto route" à l'ambiance très cosy. Que c'est agréable de se retrouver à l'ombre sur des coussins autour d'une table basse, d'être accueillis par un jeune couple turc très sympathique qui après le repas nous offre de bon cœur des mures de murier, des prunes de son jardin... Vers 16h, nous quittons notre havre de paix, le soleil est encore haut mais à entamé sa phase descendante. En fin d'après-midi, nous arrivons dans une large vallée couverte de serres où poussent majoritairement des tomates. Éparpillées au milieu des serres, des habitations faites de bric et de broc, oserais-je dire taudis, où logent des ouvriers agricoles. L'ambiance est on ne peut plus glauque: des serres, quelques barres en béton, une mosquée, un supermarché bien achalandé en alcool, semblent être les seuls éléments constituant cette étrange ville. Quel contraste avec notre ferme biologique de Pastoral Vadi! C'est incroyable qu'il y ait besoin de serres pour gagner en rentabilité dans un endroit si chaud. Nous qui transpirons à l'extérieur, nous n'osons pas imaginer ce que doivent être les conditions de travail des ouvriers dans cet enfer agricole. Et dire que bien souvent lorsque nous mangeons des tomates nous entretenons un tel système... Nous fuyons cette "plastic city", qui a pour nom Knidis, alors que la nuit tombe, à la recherche d'un bivouac dans un lieu moins oppressant... Alors qu'il fait déjà bien nuit, nous nous étendons sommairement sous un olivier pour une courte nuit à la belle étoile. Nous avons parcouru 102km.
 
Knidis
 
Au petit matin, nous gravissons un petit col. Nous sommes récompensés par, une superbe vue sur la côte, qui abrite de petites stations balnéaires proprettes. Nous nous demandons si les touristes soupçonnent  l'existence de Knidis et ses champs de tomates sous plastique derrière la colline... sûrement pas. Nous apprécions à ce moment-là notre vélo qui nous permet de voir les paysages et leurs faces cachées. Nous suivons alors la côte dans la lumière du matin, la route s'amuse du relief, monte, descend, nous dévoile de petites plages de galets blotties au fond des criques.
 
Sur la côte avant Kas.
 
Nous continuons ainsi jusqu'à Kas; il est 9h30, la température augmente rapidement et nous savons qu'une montée nous attend. Nous hésitons à nous arrêter mais nous savons qu'à 16h30, heure à laquelle nous reprenons habituellement le vélo, la chaleur sera à peu près la même. Nous nous lançons. Au bout de trois kilomètres nous sommes "liquéfiés", nous suons plus vite que nous buvons! Et le sommet est encore a quatre kilomètres. Nous essayons le stop,  lançant le pouce dès que nous voyons un pick-up ou un camion. Rien à faire, nous devons pédaler... en mettant pied à terre tout les deux cents mètres pour souffler et boire une gorgée. Nous nous écroulons, au sommet, sur les coussins d'un petit restaurant qui nous prépare des "pides", sorte de pizzas allongées qui n'ont rien à envier à leur voisines italiennes.
 
Écrouler, c'était bien le terme!!!
 
"Pide" pour reprendre des forces.
 
L'après-midi, après une partie vallonnée et une longue descente sur la côte, nous avons l'impression de revivre la soirée de la veille : nous sommes à Kale (ou Demre) une autre ville sacrifiée pour la production de tomates! Vite, vite, nous nous pressons de traverser cette zone et plantons la tente, à la nuit, dans une carrière désaffectée. 92 kilomètres au compteur.
 
 Nouvelle "plastic city": Demre.
 Bivouac peu charmant...
 
Le lendemain, le menu est le même: jolie côte et petite ville balnéaire de Finike, tomates sous plastique à Kumluca, longue pause méridienne dans une station service (très pratique! sieste sur la pelouse, douche dans les toilettes, repas et et mise à jour du site au resto route), éprouvante montée et enfin une descente au soleil couchant par une petite route raide vers ce petit lieu atypique, Olympos. Challenge réussi, nous sommes à l'heure au rendez vous!
 
Tomates à croissance rapide...
Descente vers Olympos.