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New Mumbay

Du 16 au 18 octobre,

A notre sortie du train, un chauffeur nous attend avec un gros 4/4 TATA dans lequel nous casons nos sacoches et nos vélos. Il nous conduit dans un hôtel dans une banlieue nommée "New Mumbay". Bien qu'au bord d'une voie express, cet établissement est très chic : les 10% de la taxe "luxe" correspondent à ce que nous dépensons normalement pour nos chambres. Tout est propre, aseptisé, une énorme télé écran plat décore le mur de la chambre. Nous dépareillons complètement et cela nous amuse beaucoup. Nous poussons même le vice jusqu'à faire un brin de lessive dans la salle de bain et tendons comme à notre habitude un fil pour faire sécher nos affaires en travers de cette chambre de luxe.

Le chauffeur nous apprend que quelqu'un viendra nous chercher le lendemain matin pour embarquer. C'était bien la peine de se précipiter. Pendant la journée, nous marchons jusqu'à un quartier où se trouvent des "malls" (énormes galeries marchandes) dans l'espoir d'aller au cinéma voir un Bollywood. Bienvenu dans le temple de la consommation que la classe moyenne indienne affectionne particulièrement. la mondialisation est passée par là... Nous n'avons plus vraiment l'impression d'être en Inde, nous pourrions être dans n'importe quel pays dit "développé". Attristant ce développement qui uniformise. Sous la coupole de la galerie marchande, où se trouve la billetterie du cinéma, nous hésitons devant les affiches. La musique est à fond, pour nous parler, nous devons nous crier dans l'oreille l'un de l'autre. Les bollywoods qui passent en ce moment ressemblent un peu trop à des blockbusters américains: pas de comédie musicale sari, seulement des films d'action. Nous rebroussons chemin.
 
 
New Mumbay

 
Le soir, nous mangeons un dernier thali dans une dhaba avec les doigts, dernière bouffée de l'Inde comme nous l'aimons.
Nous avons mis du temps à apprécier ce pays où tout est si différent. Au début, le choc de culture a été rude, il nous a tellement ébranlé que nous avons décidé de réduire notre séjour à trois mois au lieu de quatre. L'Inde est si différente, il faut remettre en question nos mode de pensées si profondément. Cela nous à pris du temps et nous sommes maintenant frustrés de ce départ précipité.
 
 
 
Diwali, le nouvel an hindou, se prépare. Malheureusement on ne sera pas de la fête.
 
Le lendemain, un autre chauffeur passe nous prendre pour nous conduire au port qui est à une cinquantaine de kilomètres du centre de Mumbay. Il est situé sur une sorte de grande étendue un peu marécageuse. Parallèle à notre route, une voie de chemin de fer où passent de long convois de conteneurs. C'est un des rares indices qui nous fait deviner que nous allons vers de gros navires, car en regardant autour de nous, nous avons plutôt le sentiment d'être au milieu de nulle part. Petit arrêt dans un groupe de maisons isolées où un fonctionnaire enjoué tamponne nos passeports. Nous redémarrons, le chauffeur à changé, celui-là parle un peu anglais et nous indique que le port est à cinq minutes. Très curieuse sensation que procure le fait d'être totalement assisté. Il faut dire que depuis que nous avons quitté la France, nous n'y avons pas été habitués. Au début cela apparaît comme un confort, mais déjà après deux jours nous aimerions retrouver une certaine indépendance, nous débrouiller tout seuls et ne pas avoir l'impression d'être des nouveaux-nés. Ce ne sera pas pour tout de suite. Nous longeons d'énormes réservoirs d'essence et arrivons à l'entrée proprement dite du port où il nous faut passer un barrage de douane. Le chauffeur me demande si j'ai de l'"indian money". Surpris, mais finissant par imaginer qu'il veut m'indiquer un endroit où changer nos derniers roupies, je lui réponds "oui, un petit peu". Depuis un moment déjà, il nous dit que nos vélos vont être un problème pour rentrer dans le port car ils y sont interdits. Garé avant le barrage, il part discuter avec les douaniers. Intrigué et sentant que quelque chose d'anormal se passe, je me précipite derrière lui mais évidement, je ne comprends rien à leur échange en Marathi (la langue du Maharastra). Il me redemande "indian money?" en me montrant le douanier de la tête. Il est maintenant clair qu'il me demande de lui graisser la patte. J'essaie de parler directement à cet homme en uniforme mais il m'ignore royalement. De longues minutes s'égrènent. A ma demande, le chauffeur appelle notre correspondant CMA CGM qu'il passe à une des douaniers. Ensuite, je remarque un panneau donnant un numéro de téléphone à appeler si on subit une demande de "backshish". Le chauffeur tente à nouveau de me demander "indian money". Est-il de mèche avec les douaniers, ce lascar qui paraît avoir tout manigancé? Nous ne le saurons jamais... Les vélos sont-ils vraiment interdits? Apparemment non, car après encore quelques minutes d'attente nous reprenons le 4/4 et franchissons le barrage.
 
 
Depuis le 4/4 TATA

 
Nous arrivons sur un immense espace goudronné où sont entreposés un grand nombre de conteneurs. Des grues les chargent sur les camions. Si gros soit-ils, ces 50 tonnes ressemblent à des petites fourmis effectuant un balai, comparés aux piles de conteneurs et aux immenses grues qui, sur le quai, vont saisir leur chargement et l'empiler sur ce montre des mer qu'est le navire sur lequel nous allons monter. Si les camions sont des fourmis, et nous alors?
 
 
No man's land, où est le port?
 
 
 
Il doit être par là!