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Gujarat Express

Du 13 au 15 octobre,

Ahmedabad, cinq millions d'habitants, est la ville la plus importante du Gujarat. Elle a été fondée par Ahmed Shah, un sultan musulman. Elle s'étend autour de la rivière Sabarmati et présente deux visages : sur une rive la face historique et sur l'autre un profil plus moderne.

 Rue d'Ahmedabad / La rivière Sabarmati n'est pas très ragoutante.

Nous profitons un matin d'une visite guidée du centre ville historique. Elle débute dans le temple de Swaminarayan à l'heure de la puja. Au son des tambours, des cloches et des trompettes les hindous se massent mains jointes devant les statues des dieux. Les hommes et les femmes sont séparés. La ferveur est palpable.

 

 Temple de Swaminarayan

 

 

Nous déambulons dans les ruelles étroites de la ville. Notre guide nous montre différents styles d'architecture qui se côtoient. Sur une fenêtre un chapiteau typiquement moghol, ces raisins en bois sculptés sont persans, cette maison de briques est anglaise of course, et ces visages enturbannés en stuc proviennent du Maharastra (état au sud du Gujarat dont la capitale est Mumbay)...

 

 Pour remplacer les nombreux arbres qu'ils avaient coupés, les premiers habitants d'Ahmedabad ont construit ces mangeoires à oiseaux, aujourd'hui beaucoup d'écureuils en profitent

 

Jadis, beaucoup de rues du centre étaient des culs de sacs dont l'entrée étaient fermée par une porte surmontée d'une vigie où un concierge veillait. Ces impasses qui portent le nom de "pols" s'organisaient en communautés. Un grand tableau noir servait à noter les messages. Chaque pol avait son temple ou sa mosquée. La ville en compte plusieurs milliers! La religion majoritaire, comme dans tout le Gujarat est le jaïnisme. Nous visitons plusieurs temples jaïns mais il est interdit d'y prendre des photos.

 

 Entée d'un"pol".

 

Le jaïnisme est la plus ancienne philosophie-religion du monde, elle remonte à la haute antiquité (plus de 3500 ans avant JC) et elle est toujours pratiquée par 4 à 8 millions d’individus majoritairement en Inde mais aussi en Angleterre et aux États Unis. Le jaïnisme est  basée sur "ahinsa", un principe de non violence envers les hommes et tous les animaux. Pour cette raison, les jaïns sont strictement végétariens. Ils vont même bien plus loin; ils ne mangent pas de racines car ils on pourraient causer du mal à un animal en les déterrant; ils ne portent ni cuir, ni fourrure, ni soie... En respectant de manière ascétique ce principe et d'autres qui en découlent (ne pas mentir, ne pas voler, pas d'impureté sexuelle, pas d'avidité,...), les jaïns espèrent réussir à libérer leurs âmes, à briser le cycle des réincarnations. Ils ne croient pas en un dieu créateur. Ils ne sont pas pour autant athées : ils ne croient pas en dieu mais croient en la divinité. Pour eux, les seules formes divines sont des hommes qui ont réussis à s'"éveiller". Il y a beaucoup de similitudes avec le bouddhisme et l'hindouisme.  Siddartha Gautama (Bouddha) aurait d'ailleurs été un adepte jaïn, avant de fonder sa propre religion.
Dans leur temple, de nombreuses statues semblables à des bouddhas "extra terrestres", tout blanc avec des cristaux incrustés dans le corps, sur les yeux, les seins, le nombril... Ils font peur ces éveillés.

Moult passages plus ou moins secrets permettent d'aller d'un pol à un autre. Nous débouchons sur un marché où les étals d'épices, de fruits secs et de confiserie rivalisent de couleurs. Notre visite se termine dans la mosquée d'Ahmed Shah.

La mosquée d'Ahmed Shah

Musulman lisant des versets du coran

 

Nous passons l'après-midi dans l'ashram Sabarmati fondé par Gandhi en 1915. Le mahatma est un enfant du pays, il est né dans le Gujarat, à Portanbar. Cet ashram lui servit de QG durant sa longue bataille pour l'indépendance de l'Inde. C'est de là qu'il débuta la fameuse marche du sel en 1930. Il partit à pied pour protester contre l'impôt sur le sel prélevé injustement par les Anglais. Le lieu est reposant et instructif. La maison où vivait Gandhi subsiste encore. Nous ressentons l'atmosphère ascétique qui y régnait, dans la pièce où il vivait, le mobilier est minimaliste : une table basse et de quoi écrire, une natte et un coussin et un rouet pour filer le coton. Ne pas dépendre de l'importation pour se vêtir, ce fut un autre de ses combats : assez de coton pousse en Inde pour habiller les Indiens sans acheter des vêtement à l'étranger. Lui, il n'avait que deux tenues en coton filés par ses soins, il n'avait besoin de la deuxième que quand il devait laver la première.

 Démonstration de filage de coton

Maison où logeait Gandhi

 Panneau rappelant la multiplicité des religions coexistant en Inde: musulmans, hindous, bouddhistes,sikhs, parsis (zoroastriens), chrétiens et juifs.

 

Ce soir là, quand nous ouvrons notre boite mail, panique à bord, l'agent de la CMA CGM (la compagnie de cargo) de Mundra et de Mumbay, le "freighter agent" qui a organisé notre montée à bord et nos parents qui ont été prévenus nous préviennent qu'on ne va pas pouvoir embarquer à Mundra à cause d'un durcissement des règles imposées par le service d'immigration du port, situé non loin de la frontière pakistanaise. Il faut que nous allions d'urgence à Mumbay où notre bateau doit arriver dans deux jours. Tous ce que nous avions prévu pour les jours à venir dans le Gujarat tombe à l'eau, nous somme déçus nous nous étions concocté un programme du tonnerre. En plus nous allons rater Diwali, le nouvel an hindou qui est dans trois jours, une date festive où tous le indiens partagent des confiseries. Le lendemain, nous prenons contact avec la compagnie et prenons un billet de train pour Mumbay pour le soir même.