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Divin accueil à Kristanje

19 et 20 avril 2009,

Nous partons aujourd'hui du parc de Paklenica. Direction Dubrovnik, en passant par Split et par l'île de Korcula. Au moins deux journées de vélo de 70 km nous attendent jusqu'à Split. Nous sommes heureux de reprendre la route. Ce matin, ce sont les gouttes de pluie sous la tente qui nous réveillent. Ça commence mal! On remballe tout y compris notre lessive encore mouillée et l'on enfourche nos montures sous un ciel plus qu'incertain. Les paysages défilent. D'abord c'est une campagne arides et pierreuse avec la chaîne montagneuse du Velebit en toile de fond. Pour la première fois nous apparaissent les stigmates de la guerre: un panneau nous indique que le terrain est encore miné et l'on croise des maisons détruites et laissées à l'abandon. En choisissant de ne pas passer par la côte nous avons quitté la Croatie touristique. Plus aucune "zimmer", chambre à louer, plus aucun camping allemand. Dans la première bourgade que nous traversons, Obrovac, l'attitude curieuse des habitants à notre égard prouvent que peu de touristes empruntent notre itinéraire, de nombreux bâtiments de la ville sont en ruines, fenêtres cassées. Nous continuons notre route par une montée difficile de plus de 10km dans une grande forêt de charmes, toujours sous la menace d'une averse. A partir de là, nos seules rencontres sont de paisibles troupeaux de moutons. Ça et là quelques maisons, toutes sans toits, lugubres. Autant de spectres qui nous mettent mal à l'aise dans ce paysage rural et champêtre, qui devrait être paisible.
 
 
Nous apprendrons plus tard que la région que nous traversons était jadis la République serbe de Krajina. Pendant la guerre, les serbes et les croates se sont disputé ce territoire, se livrant chacun chacun à leur tour à un nettoyage ethnique. La plus grande ville où nous arrivons, Kistanje, semble déshéritée, là encore l'on croise des bâtisses mutilées laissées à l'abandon. Nous recherchons du carburant pour notre réchaud, sans quoi il nous faudra manger froid sous la fine pluie qui ne cesse maintenant de tomber. Aucune station service à l'horizon. Un petit "market" est ouvert, Pierre essaie d'y trouver de l'essence domestique. Notre recherche attise la curiosité des villageois et en moins de 15 minutes un attroupement se forme autour de nous. Pierre sort le réchaud pour justifier notre besoin d'essence (effectivement à vélo ça paraissait étrange à certains), on nous trouve un interprète à qui parler en anglais, il est visiblement éméché...Tous sont surpris lorsqu'ils apprennent que nous allons jusqu'à Dubrovnik en vélo, les conversations en croate et les rires fusent. Arrivent trois adolescentes qui parlent anglais, l'une d'entre elle se fait notre interprète officielle. De fil en aiguille elle finit par nous demander ou nous dormons. Nous expliquons que nous avons une tente. Un habitant nous propose alors de nous héberger, puis les jeunes filles nous proposent de nous amener chez les nonnes du village pour la nuit.
 
Nous nous laissons entraîner jusqu'à une maison. Notre interprète passe un coup de fil de son portable et apparaît à la porte une très sévère sœur. Un prêtre souriant et débonnaire la suit, il nous propose de parler allemand ou italien, malheureusement nous ne maîtrisons aucune de ces langues. Échanges de paroles entre la jeune fille et les deux membres de l'église. L'affaire est réglée nous sommes invités.  Nous pouvons laisser nos vélos dans le jardin et le prêtre nous conduit jusqu'à une jolie chambre avec deux petits lits, et une douche. La religieuse à la mine sévère nous a gentiment préparé les lits avec des draps propres  nous a prêté des serviettes et même des pantoufles! Elle nous propose de manger. Nous essayons de refuser, prétextant que nous avons notre nourriture mais nous voici déjà dans la salle à manger avec le prêtre. La télé est allumée sur le journal croate. Le père Nikolas nous invite à trinquer et débouche une bouteille de Chardonnay. Nous mangeons donc tous les trois en devisant dans un charabia d'italien. La religieuse, après avoir servi le repas (légumes, fromage et rôti froid) s'est esquivée. Ce soir nous dormons au chaud dans un lit... c'est le premier depuis 10 jours. Le lendemain c'est une autre religieuse, plus souriante, qui nous servira une "collation" que nous prendrons avec le prêtre, qui lui attaque dès le matin avec de la grappa (eau de vie) et des piments frais bien piquants. Nous repartons sous la pluie mais réchauffés par ce divin accueil à Kistanje.
 

Avec le père Nikolas devant un tableau représentant son village natal au Kosovo.
 
Heureusement le temps s'améliorant au fil de la journée et nous pouvons rouler près de 90km jusqu'en haut d'un col avant Split. Le lendemain, une nouvelle pluie déprimante tombe toute la journée. Elle retarde notre départ, accélère malheureusement notre visite de Split. Nous nous réfugions au sec pendant 3 heures sur le bateau qui nous mène à Korcula.

C'est pas la banane à Split.
 
Enfin au sec dansle bateau vers Korcula.